L'EMPLOI DES SENIORS : ENJEUX ET SOLUTIONS

Il n’y a pas de définition universelle de l’âge à partir duquel une personne est considérée comme un travailleur « sénior ». Cela varie selon les pays, les entreprises et les industries. En général, le terme « sénior » est souvent utilisé pour désigner les travailleurs âgés de plus de 50 ans, jusqu’à l’âge de son départ à la retraite.

Cependant, dans certains pays, l’âge de la retraite est fixé à un âge plus précoce, par exemple à 60 ans. Dans ces pays, le terme « sénior » pourrait être utilisé pour décrire les travailleurs de plus de 45 ou 50 ans.

Dans tous les cas, la question de l’employabilité des séniors se pose, bien avant le départ à la retraite. Dans cet article, retrouvez un état des lieux des enjeux et des solutions pour les séniors face aux défis de leur employabilité.

Quelle est la situation des séniors sur le marché du travail ?

Les chiffres de l’emploi des seniors en France et en Europe

 En 2021, en France, 56,0 % des personnes de 55 à 64 ans sont en emploi (contre 81,8 % des 25 à 49 ans) et 59,7 % en activité, contre 60,5 % en moyenne dans l’Union européenne, selon les données d’Eurostat. Des chiffres qui empirent pour les seniors âgés de 60 à 64 ans. En effet, il baisse ensuite drastiquement à 35,5% pour les 60-64 ans selon le rapport de la Dares en avril 2022. 

Certains pays européens ont largement dépassé ces objectifs, à l’instar de la Suède (76,9 %), ou de l’Allemagne (71,8 %). En 2021, la France se place seulement en 16e position parmi les 27 pays de l’Union européenne. Le taux d’emploi des 60-64 ans est d’ailleurs nettement en deçà de la moyenne européenne (-10,9 points), alors que celui des 55-59 ans y est tout juste supérieur (+1,6 point).

Le chômage est également en forte augmentation : on part de 5,2 % chez les 50-54 ans à 6 % chez les 55-60 ans pour atteindre les 6,9 % pour les 60-64 ans. Le taux de chômage des seniors reste plus bas que celui de l’ensemble des actifs, même si l’écart se réduit. 

La raison de cette augmentation du taux d’employabilité en France chez les séniors (bien que restant faible, et inférieure à la moyenne européenne), est entre autres dûe aux changements démographiques :  l’amélioration des conditions de santé qui permet de rester sur le marché du travail, et de l’autre côté, une proportion de diplômés dans le supérieur largement croissante, qui permet un parcours professionnel plus extensible. L’OCDE estime que la santé et la formation expliquent les deux tiers de l’augmentation du taux d’emploi des seniors.  La féminisation du marché du travail est aussi un facteur qui s’ajoute à la liste.

Un taux d’emploi plus bas chez les femmes séniores : moins souvent en emploi que les hommes

En 2021, parmi les 55-64 ans, les taux d’emploi et d’activité sont plus bas pour les femmes séniores  (54,3 % et 57,9 %) que pour les hommes (57,7 % et 61,7 %). En France, le taux d’emploi des femmes seniores est égal à la moyenne européenne, alors qu’il est inférieur de près de 10 points pour les hommes. En 2021, le taux de chômage des 55-64 ans est légèrement plus faible chez les femmes seniores : 6,1 % contre 6,5 % chez les hommes. Ces derniers sont plus souvent en retraite (27,7 % contre 24,5 %) et les femmes plus fréquemment inactives sans être pour autant retraitées.

Les femmes seniores en emploi sont davantage à temps partiel : 32,0 % d’entre elles contre 11,0 % des hommes, et en situation de sous-emploi (7,8 % contre 4,3 %).

La discrimination des séniors lié à l’âge

Certains stéréotypes et préjugés sont encore bien ancrés dans le monde de l’entreprise, comme celui selon lequel les seniors prennent l’emploi des jeunes, qu’il y a un déclin de productivité avec l’âge, une difficulté d’adaptation aux technologies, des difficultés d’intégration, un horizon temporel limité lié à la retraite…

Tout ceci fait que les plus de 55 ans sont victimes de discriminations à l’embauche et en emploi.

Selon une étude Apec/Pôle emploi de janvier 2022, pour 81 % des cadres seniors, l’entrée au chômage est la conséquence d’une rupture de contrat à l’initiative de l’employeur. Par ailleurs, les seniors de plus de 55 ans au chômage resteraient 2 fois plus longtemps sans emploi que le reste des demandeurs d’emploi en raison des difficultés à trouver un poste. Ces difficultés seraient directement dûes aux discriminations des recruteurs liées à l’âge, d’après cette même enquête.

En somme, il est impératif que le monde des entreprises change de regard sur nos aînés, afin de leur permettre une meilleure employabilité et de pas exclure ceux qui souhaitent restés actifs.

La pénibilité de l’emploi

Avec la nouvelle réforme des retraites proposée par le gouvernement d’Emmanuel Macron et sa première Ministre Elisabeth Borne ; la question de la pénibilité de l’emploi est remise à la table des débats.

En France, la notion de pénibilité de l’emploi fait référence aux conditions de travail qui peuvent nuire à la santé et à la sécurité des travailleurs. On parle de pénibilité au travail lorsqu’un salarié est exposé à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels susceptibles de laisser des traces irréversibles sur la santé.  Il s’agit notamment des travaux qui impliquent des contraintes physiques ou mentales, des risques d’accidents, une exposition à des produits toxiques ou des substances dangereuses, des températures extrêmes, ou encore des horaires de travail atypiques.

Le code du travail français reconnaît ainsi la notion de pénibilité et prévoit des mesures de prévention et de compensation pour les travailleurs qui sont exposés à des conditions de travail difficiles. Depuis 2015, les employeurs sont tenus de déclarer les facteurs de risque liés à la pénibilité de certains emplois. La pénibilité au travail se définit à partir de 6 facteurs de risques actuellement en vigueur depuis le 1er octobre 2017 :

  • Les activités exercées en milieu hyperbare (hautes pressions) ;
  • Les températures extrêmes ;
  • Le bruit ;
  • Le travail de nuit ;
  • Le travail en équipes successives alternantes ;
  • Le travail répétitif.

Ces facteurs peuvent entraîner des problèmes de santé à long terme, tels que des maladies professionnelles, des accidents du travail ou des troubles musculosquelettiques. En reportant l’âge légal de départ à la retraite, les travailleurs pénibles seraient donc contraints de travailler plus longtemps dans des conditions difficiles, ce qui pourrait aggraver leur état de santé et nuire à leur qualité de vie. Par conséquent des aménagements sont prévus pour ce type de travailleurs.

Les métiers concernés par la pénibilité au travail incluent entre autres :

  • Les métiers manuels : travailleurs du bâtiment, maçons, plombiers, électriciens, soudeurs, carrossiers, etc.
  • Les métiers de l’industrie : ouvriers d’usine, soudeurs, chaudronniers, mécaniciens, etc.
  • Les métiers de la santé : infirmiers, aides-soignants, ambulanciers, etc.
  • Les métiers du transport : chauffeurs routiers, marins, conducteurs de trains, etc.
  • Les métiers de la sécurité : policiers, pompiers, militaires, etc.
  • Les métiers de la restauration : cuisiniers, serveurs, etc.
  • Les métiers du nettoyage : agents d’entretien, éboueurs, etc.
  • Les métiers de l’agriculture : agriculteurs, éleveurs, etc.

Ainsi, la pénibilité au travail est un enjeu de société majeur car elle touche à la santé, à la sécurité et à la qualité de vie des travailleurs. La pénibilité au travail est également un enjeu de justice sociale. Les travailleurs soumis à des conditions de travail difficiles sont souvent les moins bien rémunérés et les plus vulnérables. Il est donc important de garantir leur sécurité, leur santé et leur bien-être au travail.

SOURCE : cabinet-management-transition.com