Trop chers, moins productifs et impliqués… Les clichés sur les seniors ont la peau dure, mais celle-ci semble se ramollir à l’aune des incertitudes auxquelles les entreprises sont confrontées aujourd’hui.

L’innovation RH est à privilégier pour tirer pleinement parti de cette population trop souvent mésestimée.

"Vers un retour en grâce des séniors" : le titre de l'étude menée par Robert Walters Management de Transition est clair, et les résultats apportent la confirmation de sa pertinence. 90 % des dirigeants et managers interrogés estiment que l’expérience est l’atout majeur des seniors, tout comme leur vécu opérationnel et leur capacité à travailler en mode projet (43 %), leur aptitude à manager (41 %) leur volonté de se consacrer à la progression de leurs équipes (33 %), leur résilience et leur adaptabilité (31 %).

Ces compétences comportementales et attitudes expliquent que, pour la plupart des personnes interrogées, séniorité rime avant tout avec expérience, expertise et transmission.

Tutorat organisé et mobilité interne

"Les seniors présentent effectivement de nombreux atouts, confirme Anne Charlier, Senior Career Consultant chez Randstad RiseSmart, au Luxembourg, qui propose des services d’outplacement, de transition et de développement de carrière. Ils se montrent en général très impliqués, et leur niveau de productivité est élevé. Comme ils ont déjà atteint un degré d'expertise appréciable et ne cherchent donc pas particulièrement à évoluer, ils vont avoir tendance à rester fidèles à l’entreprise si le poste leur convient. Et étant libérés de toute contrainte familiale, ils peuvent être plus flexibles et travailler quand leurs collègues parents sont en vacances. »

La consultante met surtout en avant leur vision "hélicoptère", issue des fruits de leurs expériences.

Les employeurs ont donc tout intérêt à les conserver le plus longtemps possible, notamment pour relever les défis posés par la pyramide des âges. "Ils jouent un rôle essentiel dans la transmission des savoir-faire et des connaissances. L’entreprise, grâce à leur aide, prépare les jeunes à prendre la relève". 

Ce tutorat structuré et organisé est également compatible avec la pré-retraite à temps partiel. Anne Charlier recommande aussi de favoriser la mobilité interne des seniors, pour faire profiter d’autres services de leurs compétences transférables.

Des recrutements à la mission

En termes de réemploi, les recruteurs peuvent être hésitants à recruter un senior en CDI. Pour lever ce frein, les entreprises ont la possibilité de leur proposer des contrats sur la base de missions ou de projets. Là aussi, ce sont leurs compétences transversales - capacité d’apprentissage, flexibilité, analyse, adaptabilité et leadership - et la somme des expériences professionnelles qui peuvent faire la différence pour aider l’entreprise à relever ses challenges post-Covid.

Un dernier levier important relève des politiques publiques en faveur de l’emploi des seniors. 

"A Luxembourg, une aide au réemploi est proposée aux travailleurs à partir de 45 ans, illustre la consultante. Cette aide permet de combler le salaire qui leur est proposé, à raison de 90 % de leur salaire précédent, avec un plafond et une durée de quatre ans. Une exonération des charges patronales est également proposée aux employeurs dès 45 ans". 

Des mesures qui ont permis à l’un des seniors accompagnés par Anne Charlier d’être engagé, à 56 ans, dans une société où la moyenne d’âge est de 40-45 ans, pour "amener plus de sagesse et de bon sens à l’entreprise".

Source : focusrh.com