Quand les seniors deviennent un «plus» pour les entreprises

Longtemps considérés comme un handicap pour la compétitivité, les plus de 50 ans sont au contraire un atout pour les sociétés et la croissance du pays.

«Cessons d'opposer l'emploi des jeunes et l'emploi des seniors. Cette conception du monde du travail est contreperformante sur le plan économique.» Jean-Pierre Wiedmer, président de HSBC Assurances, entend fermement battre en brèche ce qu'il appelle les «idées reçues» sur le rôle des seniors dans la vie économique et l'entreprise.

Son dernier ouvrage, paru la semaine dernière (1), leur fait au contraire la part belle dans la reconquête de la croissance française. «Non les seniors ne sont pas moins productifs que le reste de la population active, non ils ne sont pas rétifs aux nouvelles technologies, oui ils ont envie de travailler et de changer de poste, oui ils sont déterminants pour la croissance française», affirme-t-il.

Allongement de la durée de vie

À l'appui de sa démonstration sur l'atout que représente l'allongement de la durée de la vie pour l'économie française, il prend des exemples venus d'Europe du Nord: «Les champions européens de l'emploi des seniors connaissent également de bonnes performances en terme de travail des jeunes. Au Danemark par exemple, 57% des seniors sont en poste, mais 67% des jeunes sont aussi dans l'emploi.»

Un sondage Harris Interactive, réalisé auprès de 1000 personnes du 12 au 14 juin, tend d'ailleurs à prouver que l'image des seniors n'est au final pas si mauvaise en France. «Seuls 15% des Français jugent que l'emploi des plus de 50 ans nuit à celui des jeunes», souligne le sondage. Et moins d'un Français sur dix estime qu'une entreprise sans seniors serait «plus conviviale, productive et compétente qu'une autre avec des seniors». Des résultats qui confortent une autre étude, publiée celle-ci par Cegos, selon laquelle «les seniors sont reconnus à 75% performants dans leurs entreprises par leurs DRH».

Variable d'ajustement

Pourquoi dès lors le taux d'emploi des plus de 50 ans reste-t-il aussi faible en France, à 41,5% en 2011, contre une moyenne européenne de 47,5%, mais seulement 18,9% pour les 60-65 ans? «Parce que depuis 1974, les seniors ont servi de variable d'ajustement dans les plans de restructuration», martèle ce polytechnicien. D'ailleurs, ajoute-t-il, les plans d'action seniors lancés en 2010 n'ont guère changé la donne puisque seules un quart des entreprises se disaient sensibles au recrutement de seniors, mais seulement 6% le mettaient en œuvre.

À ce titre, le contrat de génération instauré en janvier dernier, qui doit permettre de faire une place aux jeunes sans pour autant pousser «les vieux dehors», va dans le bon sens, selon lui. «C'est la première manifestation d'une vraie prise de conscience que nous avons à portée de main avec les seniors les quelques points de croissance nécessaires à la France», juge Jean-Pierre Wiedmer.

Il reste que, pour améliorer le statut des seniors dans la société, «il va falloir aménager et changer les états d'esprit dans les entreprises sur un certain nombre de sujets», prévient-il. Et de citer quelques pistes en matière d'amélioration de la formation des seniors, d'organisation des rythmes de travail ou encore de développement du tutorat. 

 
Source : lefigaro.fr